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La tire à Dédé

Après la "bande à Lucien" en clôture de l'album précédent, voici la "tire à Dédé". Sur le même principe, le sujet passe du personnel au semi-impersonnel et la chanson rappelle cette fois-ci la R8 Gordini d'un ami.

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L'avait les roues arquées un peu comme j'ai les jambes,
sur l' toit et sur l' capot l'avait les deux bandes blanches,
le volant en faux bois, les banquettes en vrai skaï,
le klaxon qui jouait le pont d'la rivière Kwaï.
Dédé l'avait fait r'peindre en bleu métallisé,
y disait qu'ça lui rapp'lait l'ciel de son pays.
On a jamais bien su où qu'c'est qu'il était né
vu qu'il était menteur comme tous ceux de sa race.
Dans la tire à Dédé,
j'en ai fait des virées,
quand j'y repense aujourd'hui,
sur ma mob je m'ennuie.
Sur la lunette arrière, y'avait l'autocollant
avec "Allez les verts" et sur la vitre avant
y'avait marqué en blanc sur un fond bleu d'azur
"Skiez à Val d'Isère et respirez l'air pur".
Elle pompait à peu près autant d'fuel aux cent bornes
que Dédé buvait d'bière mais faut dire qu'y t'nait bien.
Quand on s'tapait l'Sébastopol à 220,
pour qu'les flics nous rattrapent, il fallait qu'ils s' cramponnent.
Dans la tire à Dédé,
j'en ai fait des virées,
quand j'y repense aujourd'hui,
sur ma mob je m'ennuie.
Quand Dédé en tenait un coup dans les naseaux,
bien qu'j'ai pas mon permis, c'est moi qui conduisait.
J'prenais qu'les sens uniques pour semer les perdreaux,
Et j'bouclais ma ceinture parc'que j'suis pas givré.
On embarquait des grosses qui rodaient en banlieue
et qu'attendait que nous pour s'éclater un peu
"Allez, montez les filles, on s'arrache en vacances",
dix bornes plus loin, on leur f'sait l'coup d'la panne d'essence.
Dans la tire à Dédé,
j'en ai fait des virées,
quand j'y repense aujourd'hui,
sur ma mob je m'ennuie.
Mais une nuit des voyous, des vrais enfants d'salauds
Pendant qu'Dédé pionçait, z'y ont fracturé son boxs
Z'y ont tiré son klaxon et son autoradio,
ses cassettes de Mike Brant et ses jantes en inox.
Dédé le lendemain en voyant le tableau
lui qu'avait une santé d'académicien
s'est chopé l'infarctus dont nous causent les journaux
et l'a cassé sa pipe, tout seul au p'tit matin.
Dans la tire à Dédé,
j'en ai fait des virées,
quand j'y repense aujourd'hui,
sur ma mob je m'ennuie.
Pauv' Dédé aujourd'hui, l'est au cimetière d'Pantin,
sur sa tombe on a peint deux bandes blanches, c'est super.
Sa bagnole crève doucement tout au fond du jardin
d'un pavillon d'banlieue prés d'la ligne de ch'min d'fer.
Les poules ont fait leur nid sur les sièges éventrés,
la rouille a tout bouffé, la peinture et les chromes.
Le pare-brise et les phares dégommés par les mômes,
y reste bientôt plus rien d'la pauv' tire à Dédé.
Dans la tire à Dédé,
j'en ai fait des virées,
quand j'y repense aujourd'hui,
sur ma mob je m'ennuie,
sur ma mob je m'ennuie.
  • Année
    1978
  • Auteur
    Renaud Séchan
  • Compositeur
    Renaud Séchan